Voilà un très joli conte «made in Bollywood», poétique, spirituel, étincelant et musical. La fille qui marchait sur l’eau parle d’amour, de karma, d’amitié, d’obscurs objets du désir et du pouvoir magique de la musique. Les mélodies : celles de Bach, Elgar, Mendelssohn, Dido, John Barry… rythment l’intrigue de ce conte coloré et émouvant qui s’adresse à la fois au cœur, à l’esprit et aux sens. Dans le Raj indien des années coloniales, Anuradha, qui connaît des chansons magiques que les femmes de sa famillle se transmettent de mère en fille, est si belle que les paons d’Udaipur lui font une haie d’honneur lorsqu’elle part pour Bombay retrouver Vardhmaan, l’homme qu’elle va épouser par amour parce que sa sensibilité musicale s’accorde si bien avec la sienne. Ils vivent une lune de miel prolongée, protégés de l’extérieur par la musique de leur amour jusqu’à cette nuit d’orage qui va leur faire reprendre pied dans la réalité. De retour à Udaipur, leur destin se trouve mêlé à celui de Nandini, la cousine orpheline d’Anuradha , créature dangereusement féline, qui aime les panthères et la poésie de Yeats jusqu’à l’obsession, et qui a le don de capter dans sa peinture l’âme de ses modèles. Tous sont hantés par des ombres, des secrets, des voix qui remontent du passé, et même la maison des années 20 dans lequel ils vont tous trois emménager, a elle aussi son histoire inquiétante et une vengeance à assouvir. Roman foisonnant, lyrique, hyp, fun, par un grand conteur. Une nouvelle voix fraîche et originale qui s’ajoute à toutes celles que compte déjà le roman indien, l’un des plus créatifs de la littérature contemporaine.
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