Ils ont tous deux trente ans et des poussières et depuis plusieurs semaines, ils se retrouvent côte à côte au cimetière. Elle reste assise sur un banc devant la tombe de son mari qui s’est bêtement fait écraser par un camion alors qu’il partait à vélo observer les jeux des grands tétras, espérant arriver «à force d’acharnement, à susciter un chagrin de circonstance». Lui, c’est sur celle de sa maman qu’il vient faire du jardinage. D’emblée,ils se détestent : elle le trouve aussi vulgaire et tape à l’œil que la stèle monstrueusement kitsch qu’il nettoie avec «la fierté propre aux cultivateurs du dimanche». Il la trouve « décolorée, terne et délavée comme une vieille photo couleur qui a trôné dans une vitrine pendant des années »
Et pourtant il suffit d’un regard, d’un sourire involontaire, pour que la femme beige se transforme en gamine en vacances aux yeux de Benny le bouseux, et pour que les ovaires de Désirée la bobo intello se mettent à faire des sauts périlleux.
Mais l’amour fou, même celui qui laisse des marbrures rouges sur la poitrine après l’orgasme, ne suffit pas toujours à faire tomber les barrières sociales et culturelles. La citadine qui connaît mieux les théories de Lacan que les nouvelles techniques de fumure et l’agriculteur aux goûts de blaireau qui «vont aussi bien ensemble que la merde et les pantalons verts» (comme disait le grand père de Benny), vont en faire la cuisante expérience.
Une comédie romantique charmante, drôle et pétillante, sorte de coup de foudre à Notting Hill rural, qui pose de façon humoristique la très sérieuse question du choc des cultures.
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