Harry Boone, agent très spécial du « club house », service rival du SIS (Secret Intelligence Service) de sa très gracieuse Majesté, n’aspire qu’à une chose : recréer au Caire, où son chef Archie Briggs vient, à son vif déplaisir, de le faire muter, la paisible vie de planqué qu’il menait jusque là à Beyrouth. Cet Irlandais hédoniste, amateur d’art, de jardins et de cuisine libanaise, qui cultive un cynisme élégant et un humour très british, aime plus que tout au monde sa maîtresse, la belle chrétienne copte Maria et le farniente au soleil, et il est prêt à se donner beaucoup de mal pour renouer sur les bords du Nil avec la dolce vita qu’il a laissée sur les bords de la Méditerranée.
Mais élever paresse et dilettantisme au rang des beaux arts est loin d’être une sinécure, surtout quand un muezzin à la voix d’or de la mosquée de Kit Kat, vient compromettre l’objectif qu’il s’est fixé : remettre en place en Egypte le « système Boone » qui lui a si bien réussi au Liban. En demandant à ses partisans galvanisés par son incomparable voix, de marcher pacifiquement sur Jerusalem pour que le « Mur des Lamentations devienne le mur des retrouvailles de tous les croyants et de tous les hommes de bonne volonté », le Ghandi des bords du Nil risque de perturber le précieux système, et accessoirement de bouleverser l’équilibre du monde. Avec des intrigues subtiles et passionnantes qui nous font pénétrer dans les arcanes d’une géopolitique d’une brûlante actualité, Percy Kemp s’affirme d’ores et déjà comme un romancier de la dimension de Graham Greene, Somerset Maugham ou John Le Carré.
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